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Comprendre les lésions ostéo-ligamentaires du pouce pour mieux les soigner

La main, composée d’une structure complexe d’os, de tendons, de ligaments et de muscles, est à la fois précieuse et fragile. Parmi toutes ses parties, le pouce joue un rôle crucial en termes de préhension, de dextérité et de force. Malheureusement, il est aussi sujet à de nombreuses blessures. 

Dans cet article, nous explorerons en détail les lésions ostéo-ligamentaires du pouce, notamment les différentes fractures et entorses qui peuvent affecter cette partie essentielle de la main. Nous verrons également comment le kinésithérapeute intervient lorsque ce type de pathologie est décelé.

Définition d’une lésion ostéo-ligamentaire

Les lésions ostéo-ligamentaires désignent l’ensemble des traumatismes et des atteintes touchant à la fois les os (éléments rigides du squelette) et les ligaments (tissus fibreux responsables de la liaison entre deux os au sein d’une articulation). Ces lésions peuvent survenir à la suite d’un accident, d’un choc, d’une chute ou d’une torsion inappropriée et peuvent engendrer des douleurs, un gonflement, une diminution de la mobilité ou une instabilité articulaire. Elles requièrent souvent une prise en charge médicale spécifique pour assurer une guérison adéquate et prévenir des complications futures.

Anatomie du pouce

La main est une structure anatomique très complexe responsable de tâches complètes de préhension et de précision. Cependant, le pouce est le seul doigt capable de s’opposer aux autres doigts et d’effectuer une préhension, résultat d’un long processus d’adaptation initié avec nos ancêtres.

Le pouce présente quelques différences anatomiques par rapport aux autres doigts :

  • Les quatre doigts ont trois phalanges (os qui forment le doigt), mais le pouce n’en a que deux.
  • L’os métacarpien (le premier os entre l’articulation du poignet et la première phalange) est plus court

Le pouce est donc un doigt plus court. Cependant, c’est le seul qui possède une articulation qui relie l’os métacarpien et l’os du carpe (trapèze), au niveau du poignet, en forme d’« articulation en selle ». Cette articulation permet au pouce de tourner et, en conjonction avec les ligaments et les muscles, contribue à la stabilité et à la dextérité de toute préhension. 

Biomécaniquement, l’articulation à la base du pouce, la carpométacarpienne (CMC), subit des forces 10 fois plus importantes que les autres articulations de la main puisque le pouce est impliqué dans toutes les formes de préhension. Au fil du temps, avec la surutilisation et le vieillissement, il est très fréquent de développer ce qu’on appelle l’arthrose du pouce.

Les différents types de lésions ostéo-ligamentaires du pouce

La fracture de Bennett est la plus fréquente des fractures de la base du premier métacarpien. Elle se produit généralement à la suite d’un traumatisme direct sur un pouce en extension. Cette fracture concerne la base du métacarpien du pouce et peut conduire à une instabilité articulaire. Un diagnostic rapide et une prise en charge adaptée sont essentiels pour éviter des complications futures et assurer une guérison optimale.

2. Entorses métacarpo-phalangiennes :

Les entorses métacarpo-phalangiennes du pouce surviennent lorsqu’un mouvement brusque ou un choc affecte l’articulation reliant le métacarpe à la première phalange du pouce. Ces entorses peuvent être bénignes, mais si le ligament est gravement touché, cela peut entraîner une instabilité articulaire, nécessitant souvent une immobilisation et parfois même une intervention chirurgicale.

3. Entorses et luxation de la trapezo-metacarpienne :

L’articulation trapézo-métacarpienne, située à la base du pouce, est fondamentale pour la mobilité et la fonctionnalité du pouce. Une entorse ou une luxation à ce niveau peut engendrer de vives douleurs et une perte de mobilité. Le traitement varie en fonction de la gravité de la lésion, mais une rééducation kinésithérapique est souvent nécessaire pour retrouver la pleine fonction de l’articulation.

4. Entorses et luxation de l’inter-phalangienne :

Moins courantes que les autres lésions du pouce, les entorses et luxations inter-phalangiennes se produisent au niveau de l’articulation reliant les deux phalanges du pouce. Bien que généralement moins graves que les autres blessures mentionnées, elles peuvent tout de même être douloureuses et limiter la fonction du pouce pendant un certain temps.

Le bilan médical après une blessure au pouce

Suite à un traumatisme, il est courant que le patient éprouve une douleur intense au pouce, accompagnée d’une incapacité à l’utiliser correctement. Une coloration bleutée peut se manifester du côté paume près de l’articulation touchée.

L’examen devrait se faire des deux côtés pour une comparaison optimale. La douleur peut rendre l’évaluation difficile et une seconde consultation après 48 heures d’immobilisation pourrait être nécessaire. Lors de la palpation, la douleur peut se situer à l’avant (région palmaire), sur les côtés (ligaments latéraux) ou à l’arrière (point d’ancrage de la bandelette centrale de l’extenseur).

La mobilisation permet d’identifier une instabilité, une luxation potentielle ou un défaut d’alignement du pouce en flexion, indiquant une entorse sévère nécessitant une intervention chirurgicale. L’incapacité à étendre activement l’articulation interphalangienne proximale indique un décollement de la bandelette centrale.

Il est également essentiel de vérifier une éventuelle laxité, soit en hyperextension passive, soit latéralement.

Réalisation d’une radio du pouce

Un cliché radiologique du pouce est crucial pour exclure ou valider une fracture ou une luxation. Cela permet également d’identifier si l’entorse est accompagnée d’un décollement osseux, souvent signe d’un traumatisme plus sévère. 

L’échographie peut être utile en cas de diagnostic incertain ou chez les patients naturellement souples des articulations.

L’objectif de la kinésithérapie dans le traitement des lésions ostéo-ligamentaires du pouce

L’objectif principal est d’assurer la guérison des ligaments et de retrouver une mobilité et une stabilité adéquates de l’articulation. Des médicaments antidouleur peuvent être prescrits, bien que la douleur puisse durer de 3 à 6 mois, devenant souvent climatique (exacerbée par un temps humide).

Dans certains cas, le port d’une attelle pour une durée limitée pourrait être suggéré. Si l’enraidissement persiste malgré la rééducation, une chirurgie visant à libérer les tendons ou même les articulations (ténolyse ou téno-arthrolyse) pourrait être envisagée pour éliminer les adhérences. La chirurgie est rare et est généralement envisagée pour des doigts qui demeurent instables ou qui s’enraidissent secondairement.

Conclusion

Le pouce est essentiel à de nombreuses fonctions de la main, et toute lésion peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie d’une personne. Qu’il s’agisse d’une entorse mineure ou d’une fracture plus sérieuse, une prise en charge rapide et appropriée est essentielle. La rééducation par un kinésithérapeute compétent en traumatologie de la main peut jouer un rôle crucial dans la récupération et aider à garantir un retour optimal à la fonction normale.

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