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Quelle prise en charge pour un patient atteint de SDRC ?

La prise en charge des patients atteints du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) doit intervenir rapidement. L’objectif est de maintenir ou de restaurer la fonction du patient, principalement à travers la mobilisation. 

Bien qu’il existe une multitude de techniques disponibles, l’absence d’un protocole dominant nécessite une prise en charge minutieuse, adaptée à chaque patient et à l’évolution de son syndrome. Une évaluation précise est donc cruciale pour déterminer le traitement le plus adapté, soulignant l’importance pour les kinésithérapeutes de posséder une expertise solide et diversifiée dans ce domaine

Les examens approfondis dans le Syndrome Douloureux Régional Complexe

Lorsqu’on évoque le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC), plusieurs éléments-clés doivent être définis et quantifiés, notamment la douleur, les incapacités fonctionnelles, les raideurs articulaires, l’œdème et les perturbations de la sensibilité.

Comprendre et mesurer la douleur

Au cœur du SDRC se trouve la douleur. Elle est quantifiée grâce à l’Échelle Visuelle Analogique (EVA), un outil permettant d’évaluer son intensité. Un suivi régulier de cette échelle est essentiel pour ajuster le plan thérapeutique. Notons qu’une évaluation à 5 ou plus sur cette échelle peut indiquer une algodystrophie. 

Cette douleur est de diverses natures. Par exemple, elle peut être mécanique, c’est-à-dire qu’elle augmente avec l’effort et disparaît au repos. La douleur inflammatoire, quant à elle, peut s’intensifier après un effort et persister au repos, étant parfois plus prononcée la nuit. Les douleurs allodynique et neuropathique ont des caractéristiques distinctes, influant notamment sur le comportement quotidien du patient. 

Le DN4, qui permet de qualifier la douleur neuropathique à travers quatre questions, est particulièrement utile. Un score supérieur à 4 sur ce questionnaire signale une forte probabilité d’une douleur de nature neuropathique.

Appréhender l'incapacité fonctionnelle

Lorsqu’un patient est atteint de SDRC, certaines activités basiques peuvent devenir un défi. Pour le membre supérieur, la capacité fonctionnelle est souvent évaluée grâce au questionnaire DASH ou, pour une version condensée, le Quick DASH. Ces outils permettent d’avoir un aperçu précis des difficultés rencontrées au quotidien. 

Dans le cas du membre inférieur, l’impact se fait surtout sentir sur la mobilité du patient. Plusieurs tests, tels que le 10MTW (10 mètres de marche), le 6MTW (6 minutes de marche), ou le TUG (se lever d’une chaise, marcher puis se rasseoir) peuvent être utilisés pour évaluer les limitations.

Techniques de rééducation adaptées au SDRC de Type I

Face au Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) de type I, un bilan précis permet de choisir parmi une multitude de méthodes rééducatives. La prise en charge rééducative intervient souvent précocement, soit à la suite de l’apparition du syndrome pendant un traitement initial, soit sur orientation médicale.

Lorsque le patient est en phase aiguë du SDRC, la douleur est au centre des préoccupations. Elle rend impossible certains mouvements fondamentaux, tels que marcher, se lever ou utiliser son membre supérieur pour des activités courantes. Dans cette phase, le challenge pour le kinésithérapeute est double. D’une part, il ne dispose pas directement de moyens pour combattre la douleur. D’autre part, il ne doit pas, par ses actions, amplifier cette douleur, tout en évitant de tomber dans l’excès de précaution.

C’est une période où le patient tend naturellement à limiter tout mouvement par peur de la douleur. Cette immobilisation peut alors engendrer des raideurs articulaires et des troubles circulatoires. 

Les neurosciences ont révélé que ce comportement peut conduire le cerveau à “effacer” la représentation du membre douloureux, aboutissant à ce qu’on appelle une exclusion cérébrale. Heureusement, cette modification est réversible. Des techniques de stimulation appropriées peuvent réactiver ces zones cérébrales atrophiées.

La thérapie par le miroir

Inspirée des travaux de Ramachandran et Altschuler suite à la découverte des “neurones miroirs”, cette technique vise à stimuler les zones cérébrales liées au membre douloureux en leurrant le cerveau. Le membre sain est reflété dans un miroir, donnant l’illusion au patient que son membre douloureux bouge sans douleur.

L'Imagerie motrice

Élaboré par Moseley, ce protocole sert à reconnecter le patient à son membre douloureux. Il débute par la reconnaissance de la latéralité de la main à partir d’images, suivie de la visualisation mentale de mouvements, pour finir par la simulation de mouvements devant un miroir. Selon Moseley, l’efficacité est optimale lorsque le patient imagine les mouvements sans réellement les réaliser.

Rééducation proprioceptive par vibration

Cette méthode utilise les vibrations pour activer les mécanorécepteurs des tendons, induisant une sensation de mouvement. Ces vibrations activent les régions corticales associées au mouvement volontaire. Elle repose sur le postulat que le simple fait de ressentir un mouvement, même sans le réaliser, peut avoir un impact thérapeutique. réduire les douleurs, de maintenir voire retrouver une certaine mobilité des doigts et du poignet.

L'importance du massage chez les patients atteints de SDRC

Le massage, avec ses multiples facettes, occupe une position primordiale dans la prise en charge du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC). En agissant sur la circulation des fluides du corps, il stimule localement la circulation sanguine et draine efficacement les œdèmes. De plus, par sa nature tactile, le massage a un impact sur le système nerveux, déclenchant des arcs réflexes et procurant une stimulation au niveau cortical.

Le massage est généralement très apprécié par les patients atteints de SDRC. Il offre une flexibilité en termes d’intensité, de durée et est facile à administrer. Bien qu’aucune étude scientifique formelle n’ait validé l’efficacité des massages dans le traitement du SDRC, une entente tacite entre patients et soignants reconnaît sa valeur incontestable dans le traitement de la douleur. Ainsi, il s’avère être un élément clé dans l’arsenal thérapeutique contre le SDRC, adapté à toutes ses phases.

Drainage manuel

  • L’œdème est fréquemment observé dans le cadre du SDRC. Provenant du traumatisme initial, d’une chirurgie ou d’une immobilisation, son apparition est amplifiée lorsque le membre est exclu, entravant les effets bénéfiques de la circulation provoqués par la pompe plantaire ou la contraction musculaire. 

    Cette accumulation de liquide dans les tissus entraîne la production de collagène, engendrant une pression supplémentaire sur les tissus et exacerbant la raideur. Le drainage manuel s’impose comme la technique privilégiée pour éliminer cet œdème. Il nécessite une approche douce et est généralement bien reçu par le patient atteint de SDRC.

    pour réduire les douleurs, reposer les articulations et adopter la position la plus fonctionnelle tolérée.

La mobilisation dans le traitement du SDRC

La mobilisation joue un rôle central dans la rééducation des patients atteints du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC). L’objectif principal est d’améliorer la souplesse articulaire, de retrouver l’amplitude de mouvement, et surtout, de permettre au patient de réutiliser son membre douloureux. 

Dès le diagnostic, la mobilisation doit commencer. Beaucoup de patients évitent le mouvement, croyant qu’il exacerbe la douleur. Il est essentiel de les éduquer sur l’importance de la mobilisation prudente et progressive. 

Pour le membre supérieur, il convient de commencer par des mouvements basiques, comme porter de la nourriture à la bouche. Progressivement, les exercices deviennent plus complexes, exploitant notamment le phénomène des neurones miroirs. 

Concernant le membre inférieur, l’accent est mis sur la reprise de l’appui. Des exercices mentaux sont initialement proposés, suivis de mises en pratique avec différents supports. Les exercices ciblent d’abord le mouvement dans son ensemble plutôt que des articulations spécifiques.

En cas de raideurs articulaires identifiées, une mobilisation active spécifique est initiée pour améliorer la flexibilité. Cette mobilisation, surtout en phase active, doit être douce pour éviter une exacerbation de la douleur. L’approche passive, bien que fréquemment mentionnée, n’est généralement recommandée que dans les phases ultérieures, lorsque la douleur a considérablement diminué.

La physiothérapie dans le traitement chez les patients atteints du SDRC

La physiothérapie est un ensemble d’approches utilisées pour traiter les symptômes du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC). Bien que les études sur son efficacité soient limitées, elle est considérée comme un complément utile à la mobilisation.

Balnéothérapie

L’utilisation de l’eau à une température de 30-35°C facilite la mobilisation. Pour les membres inférieurs, l’apesanteur dans une piscine chauffée permet de mouvements plus aisés. Les bains d’eau tiède salée, quant à eux, optimisent le drainage osmotique. L’hydromassage à billes, adapté pour les mains ou les pieds, est privilégié pour ses effets positifs sur la circulation sanguine et la sensibilisation cutanée.

Thermothérapie

Les enveloppements chauds sont bénéfiques pour la circulation sanguine et lymphatique et favorisent la conduction nerveuse. Le froid, en revanche, peut provoquer un stress vasculaire et est généralement évité.

Électrothérapie

Bien qu’elle soit largement utilisée, l’électrothérapie manque de protocoles standards. Le courant « gate control », cependant, s’est avéré utile pour bloquer les sensations douloureuses grâce à une stimulation nerveuse continue.

Pour conclure

La prise en charge efficace des patients atteints du Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) exige une réactivité, une expertise et une adaptabilité de la part des kinésithérapeutes. Bien que de nombreuses techniques soient disponibles, l’absence d’un protocole universellement reconnu met en avant la nécessité d’une approche individualisée pour chaque patient. 

Alors que la recherche continue dans l’espoir de définir des protocoles plus standardisés, l’importance d’une intervention rapide, basée sur une connaissance approfondie et une maîtrise des outils disponibles, reste au cœur de la réussite thérapeutique du SDRC.

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