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Repérer, évaluer et prendre en charge la crise suicidaire

Notre expert Thierry Guillon vous donne rendez-vous dans sa formation pour mieux prévenir les tentatives de suicide et les récidives en tant que médecin généraliste.

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Retranscription du podcast

Bonjour Thierry, vous êtes l’auteur de la formation Repérage, évaluation et prise en soins de la crise suicidaire chez ERON Santé, entreprise du groupe VIDAL. Selon vous en quoi le suicide est-il une problématique de santé publique ?

Le suicide cause 3 fois plus de décès que les accidents de la route

Le suicide représente en France plus de 9200 décès par an, soit 3 fois plus de décès que les accidents de la route. Parallèlement, cela représente environ 60 000 endeuillés. En 2017, 89 000 personnes ont été hospitalisées en médecine et en chirurgie pour tentative de suicide. Cependant on estime à 200 000 le nombre de tentatives de suicide au total. Le suicide en France concerne en premier lieu les hommes avec un taux de suicide de 19,4 pour 100 000 et dans une moindre mesure les femmes avec un taux de suicide de 6%. Les suicides sont plus fréquents chez les sujets de moins de 25 ans et les sujets âgés. Chaque année le suicide est responsable de la mort de près de 400 adolescents en France ce qui en fait la deuxième cause de mortalité pour cette tranche d’âge.

Les facteurs de risque du suicide sont nombreux

Il n’existe pas de cause unique de suicide mais plutôt un ensemble de facteurs prédisposants. Les facteurs de risque sont nombreux. Ils sont d’ordre individuel, donc les antécédents de tentative de suicide par exemple, la présence d’une pathologie psychiatrique ou la présence d’addiction. Les facteurs peuvent également être familiaux, avec une perturbation des liens d’attachement, des pertes et abandons précoces, des négligences parentales, des conflits conjugaux majeurs, des séparations. On retrouve une notion de rejet, un facteur d’insécurité, de questionnement sur sa propre valeur. 

D’autre part, cela peut être dû à la présence de violences, d’abus physiques, psychologiques ou sexuels, mais aussi de comportements suicidaires ou de problèmes de maladies mentales ou de toxicomanie et d’alcoolisme chez les parents. 

Enfin, le contexte socio-environnemental, l’accumulation d’expériences d’adversité, les sentiments d’impuissance face à la vie, la présence de difficultés économiques et professionnelles persistantes, la présence de problèmes d’intégration sociale, l’isolement social et affectif de l’individu peuvent constituer des facteurs prédisposants. 

Un effet de contagion peut aussi exister suivant le suicide d’un proche, le placement dans un foyer d’accueil, une institution ou un centre de détention. Les personnes présentant un risque de suicide donnent souvent un signal d’alarme et on retrouve souvent un élément déclencheur comme une perte, un deuil, ou une séparation.

Comment identifier le rôle et la place du médecin généraliste dans la prévention de la crise suicidaire ?

La prévention est possible car la plupart des personnes décédées par suicide ont consulté un médecin généraliste avant leur décès. Le médecin généraliste représente donc le soignant de premier recours des patients vers un soin de proximité. Il a une connaissance de la personne et de sa famille. Selon une étude, les personnes décédées par suicide ne recevraient pas un traitement adéquat. Dans 80% des cas selon l’étude Ericsson 2001, il s’agit de réévaluer la prescription d’antidépresseurs, la prise en soins, le parcours du patient pour les orientations spécifiques en psychiatrie. Il existe donc un potentiel pour mieux diagnostiquer et traiter la dépression ainsi que les autres troubles mentaux, que ce soit à travers la formation initiale ou la formation continue

De quels moyens disposent les soignants pour faire face à ce phénomène ?

Nous disposons d’échelles ou de grilles d’évaluation qui sont toutes standardisées. Je vais vous en citer quelques-unes. La première est la R.U.D : Risque Urgence et Dangerosité. Ensuite, nous pouvons compter sur l’échelle de BECK qui répertorie la dépression mais aussi l’intentionnalité suicidaire. Enfin, l’inventaire des raisons de vivre, permet de compléter plus finement ces évaluations. Nous disposons également de recommandations issues de la stratégie nationale de prévention du suicide de l’an 2000 et des guides de recommandations de bonnes pratiques de la HAS. Nous pouvons également nous appuyer sur un réseau de professionnels existant qu’ils soient psychiatres ou psychologues. Les structures telles que les urgences, les centres d’accueil psychiatriques, les centres d’accueil et de crises, les centres médico-psychologiques et les centres hospitaliers psychiatriques constituent aussi des soutiens de poids. Et enfin, nous-mêmes, par notre écoute, par notre approche relationnelle, nos capacités d’évaluation et notre implication dans la stratégie de prise en soins. 

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