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Fracture de Bennett, ce qu'il faut savoir pour bien la soigner

Au sein de la main, cinq os, appelés métacarpiens, relient les os du poignet, ou carpe, à ceux des doigts, dénommés phalanges. Le métacarpien du pouce est le siège d’environ 25% des fractures métacarpiennes. De celles-ci, 80 % se produisent à sa base, soit la partie la plus proche du poignet. 

La fracture la plus fréquemment rencontrée à ce niveau est la fracture de Bennett. Il s’agit d’une fracture qui s’étend à l’intérieur de l’articulation entre le métacarpien et l’os du poignet, nommé trapèze. Les activités sportives à risques pour ce type de lésion incluent le football, le rugby et la boxe.

D’où vient le terme "Fracture de Bennett"

Le terme “fracture de Bennett” est attribué à Edward Hallaran Bennett, MD, chirurgien irlandais du 19ème siècle. En 1882, il identifia et caractérisa cinq cas de cette luxation fracture spécifique. Soulignant la nécessité d’une prise en charge prompte malgré son aspect parfois peu impressionnant, il insistait sur l’importance de cette intervention pour préserver la mobilité de cette articulation multifonctionnelle. En hommage à ses contributions, cette blessure porte désormais son nom.

Fracture de Bennett, quelles sont les causes ?

La fracture de Bennett résulte principalement d’une force exercée axialement sur un métacarpien du pouce en semi-flexion. Bien qu’on la retrouve chez les boxeurs, elle est également fréquente dans d’autres disciplines telles que le football et le rugby. Majoritairement, ces lésions sont détectées sur la main préférentielle (2 cas sur 3) et sont plus fréquentes chez les hommes avec un ratio avoisinant 10:1.

L'anatomie en jeu

La fracture de Bennett se situe à la base du métacarpien du pouce, là où il s’articule avec le trapèze, un des os du poignet. Cette articulation forme ce qu’on appelle l’articulation carpo métacarpienne du pouce. Grâce à la forme du trapèze et de la base métacarpienne du pouce, on obtient une structure d’articulation en selle qui assure la stabilité. Cette anatomie offre au pouce une flexibilité remarquable, facilitant son rôle de doigt opposable. 

Lors d’une fracture de Bennett, la lésion débute du côté paume à la base ulnaire du métacarpien du pouce et s’étend en direction de la pointe. Le ligament oblique palmaire maintient son ancrage avec le trapèze même après une telle fracture. Toutefois, le fragment métacarpien restant est soumis à des tensions qui peuvent accentuer le déplacement. L’abduction du fragment distal est provoquée par la tension du muscle long abducteur du pouce (APL), tandis que l’adduction est due à l’action de l’adducteur du pouce (ADP), dont l’attache est proche de la tête métacarpienne.

Comment est diagnostiquée la fracture de Bennett ?

La fracture de Bennett se manifeste habituellement chez le sportif ayant subi récemment un impact axial sur un pouce en flexion, comme une chute avec la main en avant. Typiquement, une douleur accompagnée d’un œdème se manifeste à la base du pouce, rendant tout mouvement actif douloureux. 

Face à une suspicion de fracture, il est recommandé d’obtenir des radiographies standard (vues postéro-antérieures, latérales et obliques). Une radiographie peut aussi donner une vision précise de l’articulation métacarpienne du pouce. Si ces clichés ne suffisent pas, des tomodensitogrammes de la région concernée sont préconisés. Le praticien évaluera soigneusement l’ampleur et la position du fragment fracturé.

La prise en charge d’une fracture de Bennett

Depuis que le Dr Bennett a initialement caractérisé cette lésion, plusieurs stratégies thérapeutiques ont été évoquées. Les données antérieures sur le traitement idéal de cette fracture ne sont pas uniformes et n’offrent pas de consensus clair sur la meilleure approche thérapeutique. 

Une réduction non chirurgicale suivie d’une immobilisation peut offrir de bons résultats initiaux, mais l’évolution de la fracture et le risque de déplacement peuvent constituer des limites. Ce scénario est particulièrement problématique pour les athlètes de haut niveau, spécialement si la main dominante est concernée. 

Des études plus récentes suggèrent que l’intervention chirurgicale visant un repositionnement osseux quasi parfait pourrait réduire les risques d’arthrose ultérieurs. Toutefois, il est important de noter qu’il n’y a pas de corrélation directe entre les manifestations arthritiques détectées par radiographie et l’intensité des symptômes ou l’éventualité d’interventions futures pour traiter une arthrite symptomatique.

Une opération chirurgicale est-elle nécessaire pour traiter une fracture de Bennett ?

L’option chirurgicale pour le traitement d’une fracture de Bennett nécessite l’expertise d’un chirurgien orthopédique ou d’un spécialiste en chirurgie de la main. Pour les athlètes, la connaissance par le chirurgien des besoins spécifiques du sportif est primordiale. 

Si l’intervention chirurgicale est retenue, la méthode privilégiée sera l’alignement des os fracturés, sécurisé par des broches ou des vis. Si la réduction de la fracture peut être réalisée sans ouverture, deux broches sont généralement insérées puis coupées sous la surface cutanée. Lorsqu’une incision est nécessaire pour repositionner les fragments, des fils K ou des vis pourraient être introduits pour maintenir la structure. Ces fils sont couramment retirés après la période de consolidation, soit environ 4 à 6 semaines post-intervention. 

Pour les athlètes, en particulier les professionnels, la chirurgie est souvent privilégiée car elle offre une stabilisation optimale et une reprise sportive plus rapide.

L’immobilisation dans la prise en charge d’une fracture de Bennett

En l’absence de chirurgie, l’immobilisation est souvent assurée par un plâtre spica du pouce, englobant une partie de l’avant-bras, pour une durée approximative de 6 semaines. 

Après une intervention chirurgicale, ce plâtre ou une attelle similaire est recommandé pendant 4 à 6 semaines pour garantir le bon positionnement du fragment fracturé et assurer sa consolidation. Cependant, chaque cas est unique. De ce fait, la robustesse de la fixation chirurgicale et les contraintes propres à la discipline sportive de l’athlète sont des paramètres essentiels à considérer pour définir une stratégie individualisée d’immobilisation.

Rééducation après une fracture de Bennett

Les plâtres sont généralement portés pendant quatre à six semaines. Une fois retiré, on constate une perte de force. C’est pourquoi, dans la prise en charge d’une fracture de Bennett sont toujours prévues des séances de kinésithérapie. Ces exercices de thérapie de la main ont pour but d’augmenter la mobilité, la flexibilité et de restaurer la force de la main.

Conclusion

La fracture de Bennett, bien que courante, exige une prise en charge précise pour éviter des complications futures. Le rôle du kinésithérapeute est central dans le processus de guérison, garantissant que le patient retrouve la pleine fonction de son pouce et, par extension, de sa main. En restant informés des dernières techniques et recherches, les kinésithérapeutes peuvent offrir les meilleurs soins possibles à leurs patients atteints de cette lésion.

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